Lors d'un Convent secret tenu chez Sa Luminescence elle-même en août dernier, les membres de l'Académie ont eu l'honneur d'entendre la chercheuse Dominique Raymond présenter une conférence, conférence ayant été présentée dans le cadre du colloque Resurfacing/Refaire surface : écrivaines canadiennes des années 1970, qui a eu lieu du 26 au 28 avril 2018, et organisé conjointement par la Mount Allison University et l'Université de Moncton.
L'Académie, étant déjà en admiration devant sa lumineuse fondatrice, a été ébahie par le discours de Mlle Raymond, qui a savamment exposé le déploiement d'événements et d'engagements passionnants qui ont jalonné le parcours de l'écrivaine et créatrice Line McMurray dans les années '70-80.
Mlle Raymond a eu la générosité de me fournir une copie de sa recherche, et par conséquent, ce texte est ici publié avec l'aimable permission de l'auteure.
Ci-dessous : Sa Luminescence, Line McMurray, fondatrice de l'Académie québécoise de 'Pataphysique (entre autres choses formidables) et Mlle Raymond
Ci-dessous : Sa Luminescence, Line McMurray, fondatrice de l'Académie québécoise de 'Pataphysique (entre autres choses formidables) et Mlle Raymond
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Refaire
surface : écrivaines canadiennes des années 1970
Femme de tête : ‘Pataphysique et engagement
féministe chez Line McMurray
par Dominique Raymond
par Dominique Raymond
Line McMurray n’est pas une écrivaine des années 70
puisque l’essentiel des réalisations ont eu lieu dans les années 80. Mais Line
McMurray est une écrivaine des années 70, car c’est à cette époque qu’elle
termine sa thèse, qu’elle fait des rencontres marquantes, pataphysiciennes ou
féministes. Cet article pose ainsi comme hypothèse que l’effervescence des
années 1970, décennie charnière quant à la prise de parole des femmes, a eu une
influence sur le parcours de Line McMurray, influence qui se traduit par un
double engagement : dans le milieu littéraire féministe, d’une part, et d’autre
part, dans cet espace méconnu, marginal, mais aujourd’hui incontournable dans
l’histoire littéraire européenne, celui de la ‘Pataphysique. McMurray est une ambassadrice,
une pionnière, une passeuse dont les travaux, dit Martin Dufresne, sont trop
peu connus. Je propose de reconnaître le rôle important qu’a joué
McMurray dans les milieux féministes et dans la constitution d’un esprit pataphysique
au Québec, en me basant sur trois corpus, soit ses textes poétiques et
essayistiques, les archives de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique et une
entrevue qu’elle m’a accordée en 2016.
Je commence par son engagement féministe. Étudiante, comme
je le disais précédemment, dans les années 1970, elle a fréquenté des auteures
théoriciennes comme Nicole Brossard, Louise Dupré, Jeanne Demers. C’est avec
cette dernière qu’elle effectue une recherche postdoctorale consacrée à
l’écriture manifestaire. Plusieurs publications sont issues de cette
collaboration entre Demers et McMurray, et j’aimerais m’attarder sur une
livraison de la nouvelle barre du jour
(nbj). Je rappelle que la nbj est
le prolongement, la relance, de la revue la barre du jour, fondée en 1965, par quatre étudiants de l’Université
de Montréal, dont Nicole Brossard. Ce qui caractérise la barre du jour et la nouvelle
barre du jour, c’est leur son orientation nettement formaliste, féministe
et théorique, ainsi que la distance qu’elles prennent vis-à-vis des organes
institutionnels déjà existants. La nouvelle
barre du jour abandonne le thème du pays, exploité à
l’époque par nombre de poètes et de romanciers, et évite les luttes
révolutionnaires politiques qu’endossent les revues comme Partis pris et Liberté. Si
la revue prend acte des mouvements européens et français comme Tel Quel, le Nouveau Roman et la Nouvelle
Critique, c’est surtout dans ce désir de rupture avec une littérature engagée
politiquement que se concrétise un formalisme spécifiquement québécois. La
revue devient le haut lieu de l’expérimentation littéraire et de sa
théorisation. Ces expérimentations ont servi la parole des femmes qui ont
transgressé les normes du langage traditionnel patriarcal et phallocrate. Line
Mc Murray aura collaboré en tant que secrétaire de rédaction à de nombreux
numéros de la nbj. En tant
qu’auteure, elle y aura publié plusieurs textes et édité plusieurs livraisons,
dont l’Inframanifeste illimité, en 1987,
qui retiendra plus spécialement mon attention car il s’agit d’un numéro
d’anthologie où figure un « Tableau
chronologique des interventions à portée manifestaire qui ont marqué l’évolution du féminisme au Québec depuis 1964 ».
Ce tableau recense, depuis l’adoption de la loi 66 sur la Capacité juridique de la femme mariée jusqu’à la publication, en
1985, d’Anaïs dans la queue de la comète
de Jovette Marchessault, les textes théoriques et les textes de fiction, les
événements politiques et juridiques, les actions sociales qui ont fait évoluer
la cause des femmes. Ce travail colossal mené par Demers et McMurray constitue
aujourd’hui une référence incontournable, qui nous donne un portrait juste et
exhaustif des démarches féministes québécoises durant ces deux décennies. Tout
y est, même les publications des femmes autochtones comme An Antane Kapesh.
Toujours à la nbj, Line Mc Murray aura eu l’idée originale de réunir, en 1986,
des auteurs, performeuses, théoriciennes, comme Patricia Lamontagne, Nicole
Brossard, Gail Scott, Louise Cotnoir, France Théoret, Louise Dupré, Louky
Bersianik en un forum, le Forum des femmes. Ce forum qu’elle anime avait plusieurs
ambitions : souligner le dixième anniversaire des numéros de la nbj consacrés à l’écriture des femmes et
les vingt ans de la revue, participer de cette manière à la clôture de la
décennie internationale des femmes décrétée par l’ONU, permettre la conscience
féministe des écrivaines de rejoindre d’autres milieux, provoquer des
interactions directes. Juste avant ce forum, elle fut assistante à la direction
générale, à la direction artistique et aux relations de presses pour le 4e
festival de créations de femmes, lié au Théâtre expérimental des femmes (Tef).
En 1992, McMurray conçoit un événement
féministe avec Nicole Brossard et Lisette Girouard, les auteures de l’Anthologie de la poésie des femmes au Québec,
un spectacle intitulé Sixième sens, la
poésie des femmes au Québec. Le spectacle a eu lieu au Spectrum de
Montréal, la salle était pleine (700 personnes), ce qui est notable pour une
des premières manifestations des soirées poésies-performances telles qu’on les
connaît aujourd’hui. Sur scène, trois comédiennes très connues : Andrée
Lachapelle, Sophie Faucher et Sylvie Drapeau ont participé à la réussite de ce
spectacle qui avait comme ambition de « donne[r] à la parole des femmes
l'espace qui lui revient[i].»
Enfin, il faut souligner la
participation de Line Mc Murray à la revue Arcade,
revue fondée en 1981 par Claudine Bertrand et consacrée, jusqu’en 2005, à
l’écriture au féminin. « Plonger dans un monde de passions, offrir une résistance dynamique
à la banalité ambiante, présenter des scénarios au creux de l’intime et donner
à entendre des paroles vraies : telles étaient et sont encore les lignes de
force d’Arcade[ii] ».
Il est clair que cette revue n’a pas encore reçu l’attention qu’elle mérite de
la part de la critique féministe. Notons ici que McMurray a préparé le
vingt-septième numéro, intitulé Femmes et
jeux, et des auteures aussi importantes que Louise
Dupré, Louise Cotnoir, Louky Bersianik, Hélène Monette et Anne-Marie Alonzo y
ont contribué.
Le moins que l’on puisse dire, c’est
que l’engagement féministe de Line McMurray est lié, fondamentalement, à la
prise de parole collective. Peu importe si cette parole est diffusée sur scène
ou sur papier : Mc Murray réunit des femmes, leur propose des lieux de
parole, tisse un réseau et fait ainsi figure de leader. Or, ce sont ces mêmes
qualités qu’elle saura exploiter au profit, cette fois, de la ‘Pataphysique.
Je vais tenter de
définir simplement et brièvement la pataphysique, ce qui en soi n’est pas
simple. Ce qui importe surtout, c’est de saisir l’importance du mouvement dans
l’histoire littéraire, ses acteurs principaux et la place qu’a su prendre Line
McMurray. La 'Pataphysique apparaît dans Gestes et opinions du docteur Faustroll,
pataphysicien, livre écrit par Alfred Jarry en 1897-1898, auteur du célèbre Ubu roi et
pionnier du théâtre de l'absurde. Science des
solutions imaginaires, particulières ou science des exceptions, autant de
façons de caractériser la ’Pataphysique. Le Collège de 'Pataphysique, une
« Société de recherches savantes et inutiles », fondé en 1948, publie une
revue, Viridis Candela (La Chandelle
verte en latin), qui comporte diverses séries. Y sont parus, entre autres, les
premiers textes de Eugène Ionesco, de nombreux inédits de Boris Vian, d’Alfred Jarry
et les premiers travaux de l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo).
Raymond Queneau, l’un des deux fondateurs de l’Oulipo, était
membre du Collège, tout comme l’oulipien Luc Étienne. L’Oulipo et le Collège
ont ensuite connu une évolution parallèle malgré leur indéniable parenté.
En 1970, dans le bureau d'Adrien
Gruslin, professeur de littérature au cégep de Maisonneuve, Line McMurray voit
sur une tablette le livre de Ruy Launoir, Clefs
pour la pataphysique. C’est le mot « pataphysique » comme tel qui
l’a d’abord intriguée. Deux ans plus tard, dans un cours de Lise Gauvin sur le
théâtre, au département de littérature de l’Université de Montréal, Alfred Jarry et la ‘Pataphysique était dans la liste des sujets proposés
pour un travail de session. À la maîtrise, elle a choisi de travailler sur
Jarry, sous la direction d’André Vachon. Et au doctorat, elle a élargi son
sujet en étudiant les œuvres de certains
membres du Collège de ‘Pataphysique, comme Eugène Ionesco, Boris Vian et
Raymond Queneau. Cette thèse lui a servi de pont pour la suite de sa vie et ses
travaux.
Ce qui était nouveau, à la fin des
années 70, c’est qu’une étudiante, une femme, fasse de la pataphysique son
champ d’expertise. On aura remarqué que je n’ai mentionné le nom d’aucune
femmes pataphysiciennes ou oulipiennes, fondatrices ou célèbres ; le
Collège comme l’Oulipo étaient à cette époque des boys club. Les départements de Lettres des universités québécoises offrait
des cours sur le théâtre français et aucun professeur de théâtre ne pouvait
raisonnablement écarter Eugène Ionesco et encore moins Alfred Jarry compte tenu
de la popularité mondiale du Père Ubu. Boris Vian était déjà passablement
enseigné, mais on enseignait moins dans les cégeps et dans les universités,
Raymond Queneau. Pour ce qui de la ‘Pataphysique comme telle à l’Université de
Montréal, les professeur-es la regardaient de loin et quand Line McMurray s’en
est approché, ils ont manifesté de la curiosité et de l’intérêt. En ce qui
concerne l’Oulipo, le groupe était méconnu voire suspect, parce qu’il
démocratisait la littérature, en faisait un libre-service de contraintes
potentielles. Il s’agit d’ailleurs de la grande révolution menée par les
Ouvroirs, créés en 1960. Et au tournant des années 70-80, au Québec, alors
qu’on connaissait très peu l’Oulipo, qui évolue toujours aujourd’hui, comme le
Collège de ‘Pataphysique d’ailleurs, Line McMurray aura été, sauf erreur, la
première à publier un article sur le groupe dans la revue Études françaises.
Les rencontres avec les membres du
Collège de ‘Pataphysique et quelques oulipiens ont été déterminantes pour
McMurray. Lors de son premier voyage en 1975, elle a notamment fait une
entrevue avec Eugène Ionesco, qui est parue dans Quatre leçons et deux devoirs de pataphysique. C'est aussi à cette
époque qu’elle a croisé Marcel Bénabou, secrétaire perpétuel de l’Oulipo. Elle
a eu des relations privilégiées avec plusieurs oulipiens, oupeinpiens et
pataphysicien-nes comme Aline Gagnaire, Paul Gayot, Thieri Foulc, Jacques
Roubaud, Brunella Éruli, Noël Arnaud, Enrico Baj, André Blavier, Paul Fournel,
Umberto Eco, Arrabal, Jacques Carelman, l’auteur du catalogue des Objets introuvables, et François Le
Lionnais, fondateur de l’Oulipo, qui lui a accordé une entrevue, reproduite
également dans Quatre leçons et deux
devoirs de ‘Pataphysique. Line Mc Murray fut donc la petite Québécoise qu’on
a rapidement adoptée. Elle a trouvé auprès de pataphysicien-nes un grand esprit
créatif qui les liait tous et toutes au-delà de tout conflit personnel, de
toute idéologie, de tout territoire. Et c’est ce qu’elle va importer au Québec,
et ce, de deux façons. D’abord par un sérieux travail critique et didactique
qui se concrétise en une thèse, un livre et un grand événement, ainsi que par
la fondation de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique.
Dans son livre Quatre leçons et deux devoirs de pataphysique, l’auteure a cherché
à faire comprendre la 'Pataphysique en tenant un discours de niveau
universitaire qui prouve que l’on peut tenir un discours de ce niveau tout en
parlant de ‘Pataphysique. Une douce revanche en quelque sorte sur certains
intellectuels qui réduisent la ‘Pataphysique aux festivités, aux extravagances
et à l’humour. Car il ne faut pas se le cacher, ce que les pataphysiciens
produisent dérange l'intelligentsia, parce que c'est d'un avant-gardisme
perpétuel et potentiel. En fait, l'histoire littéraire québécoise n'a pas de
prise, les gens ne savent pas comment l'enseigner, par quel bout prendre la
‘Pataphysique, car ils n’ont pas assimilé les codes. C’est donc en partie pour
cette raison qu’est né Quatre leçons et
deux devoirs de pataphysique. L’auteure a notamment proposé de nouveaux
concepts, comme le détonnement, un mot-valise mêlant l’« étonnement »
et la « détonation ». Il permet d’expliquer le processus créateur
allant de l’étonnement (l’ouverture créatrice, l’accueil des stimulis) à la
détonation (le flash, l’idée créatrice) en passant par les détonateurs (l’influence
de sa culture personnelle et environnementale) et les a-tonnements (le
branle-bas intérieur, ses propres exercices de remue-méninges). McMurray part
ainsi du processus créateur pour parler de ‘Pataphysique, elle va à sa source,
pense son essence. La 'Pataphysique, c'est une science de la créativité qui a
des implications comportementales : une capacité à générer des solutions
imaginaires, d’une part, une capacité à s’ouvrir à l’autre, d’autre part. Ce
dernier versant de la créativité pataphysique trouvera sa réalisation chez Line
Mc Murray par la mise sur pied de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique.
Tout part d’un grand événement
organisée par Line Mc Murray intitulé : La 'Pataphysique d'Alfred Jarry au Collège de 'Pataphysique, en
collaboration avec Luc Monette de la galerie d’Art de l’UQAM. Un colloque, un
concert, une exposition, un spectacle du théâtre Ubu avec Denis Marleau, bref,
une semaine chargée qui a connu un succès incroyable. Des centaines de
personnes provenant de différents milieux, universitaires ou non, sont venus de
tous les coins du Québec pour assister à l’une ou l’autre des performances. Il
y a eu 3000 visiteurs, ce qui en fait la deuxième exposition la plus populaire
après celle sur Butor à la Galerie de l’UQAM. Le catalogue de l'exposition,
conçu par Gérard Bochud du département de design de l’UQAM et écrit entièrement
par Line McMurray, a reçu le premier prix de Design graphique. Les
pataphysicien-nes et oulipiens étaient nombreux, des professeurs, des écrivains
et des artistes québécois aussi.
La grande conclusion de cet événement
a été la création de l'Académie Québécoise de 'Pataphysique. Lors
de son discours de remerciements officiels, Line Mc Murray a été interrompue
par Jacques Carelman, qui lui a offert un porte-clés en forme de brosse à dents
en plastique. Carelman se serait levé puis écrié : « voici la nouvelle
responsable de l'Académie québécoise de 'Pataphysique, vive l'Académie ! »
Line McMurray, ainsi consacrée Luminescence, a recruté une quinzaine de
membres, dont l'artiste visuel Yvon Cozic, Jeanne Demers, France Théorêt et
Paul Zumthor. Zumthor, professeur émérite à l’Université de Montréal et auteur
de l'Anthologie des Grands rhétoriqueurs,
aura a été l'un des grands esprits de la 'pataphysique au Québec. À sa mort, en
1995, un livre d'art a été réalisé en son hommage. Marc Angenot aussi était membre de l'Académie ; c'est
d’ailleurs dans le cadre de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique qu'il a
sorti sa Poétique du savon du Congo.
L'Académie se situe à mi-chemin entre société secrète et société
savante. Pour promouvoir ses travaux, en plus de son site internet, elle
organise et participe à des événements de grande envergure, elle se greffe à des organes de recherche
et de créations bien établies, comme les revues Nuit Blanche, Moebius ou Les Écrits, qui ont publié un numéro
spécial sur la 'pataphysique en général ou l'AQ'P en particulier. Et tout
récemment, la maison d’édition Potential
Architecture Books a fait paraître Pléiade
de lieux, une œuvre
collective à contrainte. En tant que société privée, elle a ses propres statuts
et rituels. Les membres, depuis sa fondation, se rencontrent assez fréquemment.
Ces « convents » sont l'occasion pour les membres d'échanger, de
former des petits groupes de travail, d'être ensemble dans un état d'esprit
pataphysique que l'on imagine festif. Les membres
du groupe se rencontrent, aiment rire ensemble, mais bien plus
qu'une bande de copains qui se réunit pour le plaisir d'inventer des solutions
imaginaires, l'Académie québécoise de 'Pataphysique est investie d'une
véritable mission pataphysique, qui prend son rôle au sérieux sans trop se
prendre au sérieux. Chose certaine, inscrire l'Académie québécoise de
‘Pataphysique dans l'histoire des groupes littéraires et artistiques au Québec
apparaît aujourd’hui comme une nécessité.
Je voudrais insister en conclusion sur le rôle de leader positive
de Line Mc Murray, femme de tête, à la tête de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique
jusqu’à tout récemment et à l’origine de nombreux événements célébrant la
parole des femmes. Comme elle le disait au forum des Femmes, « il faut remarquer l’acharnement avec
lequel toutes ces écrivaines se sont engagées dans une voix extrêmement
difficile et particulièrement douloureuse. Elles ont besoin d’une
relève. » (p. 59) Line McMurray, écrivaine elle-même engagée dans une voix
extrêmement difficile, assure sa relève à la tête de l’Académie en l’artiste Céline
B. La Terreur. De plus, les nombreux récits qu’elle a publiés prennent le
contre-pied des difficultés et des douleurs et misent sur le bonheur, la beauté
des lieux naturels et du mode de vie sauvage, qui fut le sien pendant son
enfance. Retenons que les spéculations pataphysiques, en apportant autant de
bonheur intime et collectif, se posent comme l’underground d’une littérature du
malheur ou de la plainte qui teinte de manière générale l’époque contemporaine.
Voilà pourquoi il était temps que Line Mc Murray, son œuvre et ses engagements, sorte de l’ombre et refasse
surface.
Dominique Raymond
Bibliographie de Line
Mc Murray
*Études
françaises, vol. 16, no 3-4,
octobre 1980 Le manifeste
poétique/politique Sous la direction de Jeanne Demers et Line Mc Murray
« L’Oulipo : ses anti-manifestes et leur mise en jeu »
* Le Forum des femmes, nbj, 1986.
* L’écriture : lieu
théorique et pratique du changement, nbj, 1986
*L’inframanifeste
illimité, nbj, 1987.
*Études littéraires, vol. 19, no 2, automne 1986 Subversion
et formes brèves Sous la direction de Jeanne Demers et Line McMurray
*Montréal graffiti,
compilé par Jeanne Demers, Josée Lambert, Line Mc Murray, Montréal, VLB, 1987.
*Miss
Morphose de son petit nom méta, Noroît,
1988.
*Arcade, Femmes
et jeux, 1993, numéro préparé par Line Mc Murray suivi d’un entretien avec
Suzanne Jacob
*Zumthor, Livre
d’art publié par l’Académie québécoise de ‘Pataphysique, 1993
*Quatre leçons et deux
devoirs de pataphysique, Liber, 2001
*Nous, les enfants… Liber, 2004
*La beauté des petites
bêtes que personne n’aime, Liber, 2006
*Sacacomie, Québec Amérique, 2010
*Premier livret : DES VIES AVIDES, poèmes de Robert Ciesielski et dessin de Line Mc Murray, éditions Line&Robert, 2017
*Pléiade de lieux, Potential
Architecture Book, 2018
Autres œuvres mentionnées
ANGENOT,
Marc, L’œuvre poétique du savon au Congo, Éditions
des Cendres, 1992.
LAUNOIR, Ruy, Clefs pour la
‘Pataphysique, Seghers, 1969.
ZUMTHOR,
Paul, Anthologie des Grands rhétoriqueurs,
10/18, 1978.
[i] Lucie Côté, « Le Spectrum... au féminin poétique », La Presse, 8 mars 1992.
[ii] Claudine Bertrand dans l’introduction au numéro-anthologie « 80 voix
au féminin », nos 35-36, 1996.